Quelle est la stratégie pour réussir une campagne politique?

En tant que con­seil­ler poli­tique, j’ai coaché et con­sul­té plus d’une cen­tai­ne de poli­ti­ci­ens et de can­di­dats dans plu­sieurs pays. Mes cli­ents vont des con­seil­lers muni­ci­paux aux mem­bres de cabi­net, vice-pré­si­dents et pré­si­dents. Voi­ci quel­ques-unes des mei­lleu­res stra­té­gies de cam­pa­gne mises en œuvre par mes mei­lleurs clients.

  1. Com­men­cer tôt

Il exis­te de nombreu­ses rai­sons pour les­quel­les les hom­mes poli­ti­ques hési­tent sou­vent à lan­cer une cam­pa­gne anti­ci­pée. Ils sont pris par les affai­res cou­ran­tes, ne veu­lent pas dépen­ser d’argent ou pen­sent que l’effet d’une cam­pa­gne anti­ci­pée sera oublié jusqu’au jour de l’élection. La véri­té est pour­tant qu’aucun can­di­dat n’a jamais per­du une élec­tion par­ce qu’il avait com­men­cé à pla­ni­fier trop tôt. En revan­che, de nombreux can­di­dats et par­tis ont per­du par­ce qu’ils ont débu­té trop tard ou par­ce qu’ils ont com­men­cé tôt en faisant ce qu’il ne fal­l­ait pas faire.

  1. Prio­ri­té au mes­sa­ge plu­tôt qu’à l’argent

L’une des err­eurs les plus cou­ran­tes des can­di­dats est de gas­pil­ler leur argent pour du maté­ri­el de cam­pa­gne sans mes­sa­ge. Le pou­voir d’un mes­sa­ge fon­dé sur la recher­che, cré­di­ble et cor­re­spondant à la deman­de poli­tique du public cible est pour­tant sou­vent sous-esti­mé. La clé est d’avoir un plan de cam­pa­gne con­vain­cant, un mes­sa­ge attra­yant et puis suf­fi­sam­ment d’argent pour le com­mu­ni­quer et mett­re en œuvre le plan. L’argent, aus­si abondant soit-il, ne fait rien par lui-même. Vous sou­ve­nez-vous d’un slo­gan ou d’une publi­ci­té des cam­pa­gnes pré­si­den­ti­el­les de Micha­el Bloom­berg ou de Tom Stey­er aux Etats-Unis ? Ils ont gas­pil­lé des mil­li­ons il y a tout jus­te un an.

  1. Se méfier des son­da­ges pré­coces ou non scientifiques

Les son­da­ges réa­li­sés long­temps avant le jour de l’élection reflè­tent sou­vent le degré de fami­lia­ri­té des can­di­dats. En ce sens, une avan­ce des mois avant l’élection n’est en aucun cas une pré­dic­tion, mais peut en fait être un poi­son sucré qui endort les équi­pes de cam­pa­gne. Une err­eur typi­que des débu­tants est aus­si de pen­ser que l’on peut fai­re son prop­re son­da­ge ou créer son prop­re grou­pe de dis­cus­sion. Fai­re cam­pa­gne, c’est com­me mar­cher dans un laby­rin­the. Si vous pre­nez un mau­vais vira­ge au début (c’est-à-dire si vous fon­dez vot­re stra­té­gie sur des don­nées erro­nées), tout ce qui suit sera éga­le­ment erroné.

  1. Inves­tir mas­si­ve­ment dans les médi­as et les publi­ci­tés payantes

Aujourd’hui, la plu­part des cam­pa­gnes sont menées et gagnées dans les médi­as. La publi­ci­té payan­te per­met à une cam­pa­gne de con­trô­ler le mes­sa­ge, d’influencer et de com­mu­ni­quer avec les élec­teurs qui ne s’intéressent pas direc­te­ment à la poli­tique, mais qui sont sou­vent ceux qui déci­dent du résul­tat d’une élection.

  1. La disci­pli­ne rem­por­te les élections

Les cam­pa­gnes élec­to­ra­les sont des opé­ra­ti­ons chao­ti­ques. Très sou­vent, les dif­fé­ren­tes ailes d’une équi­pe de cam­pa­gne s’affrontent, et le can­di­dat princi­pal ou le chef de par­ti échoue à éta­b­lir et à main­tenir l’ordre inter­ne. Pour­tant, lui seul peut le fai­re et la disci­pli­ne est un fac­teur clé. Un cli­ent m’a dit un jour : « Lou­is, not­re cam­pa­gne est un cha­os com­plet. » Je lui répon­dis : « Fai­sons-en un cha­os com­plet où au moins tout le mon­de se bat cont­re l’autre camp. »

  1. La vites­se et l’intensité per­met­tent de gagner les élections

Les élec­tions sont com­me une ven­te d’un jour. Elles sont donc carac­té­ri­sées par une dyna­mi­que dif­fé­ren­te des cam­pa­gnes com­mer­cia­les (je dis­cu­te régu­liè­re­ment de cela avec les socié­tés de rela­ti­ons publi­ques et de publi­ci­té). En poli­tique élec­to­ra­le, tout est ori­en­té vers ce jour uni­que, le jour de l’élection. Par con­sé­quent, la vites­se et l’intensité sont d’une impor­t­ance cru­cia­le. L’ancien pré­si­dent fran­çais Fran­çois Mit­ter­rand avait cou­tume de dire que la Fran­ce se don­ne à celui qui la veut le plus. C’est aus­si vrai pour les autres pays.


Dr. Lou­is Per­ron est un poli­to­lo­gue, con­seil en com­mu­ni­ca­ti­on poli­tique et con­fé­ren­cier TEDx de la Suis­se. Il est l’au­teur du liv­re “How to Over­co­me the Power of Incum­ben­cy in Elec­tion Cam­pai­gns”, publié par l’é­di­teur alle­mand Nomos.

 

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