Développement des compétences et emploi dans la région frontalière entre la France, l’Allemagne et la Suisse

Dans la Revue suis­se de sci­ence poli­tique, Lukas Graf exami­ne com­ment les régi­ons fron­ta­liè­res peu­vent être des labo­ra­toires pour l’eu­ro­péa­ni­sa­ti­on dans l’éducation.

Les régi­ons euro­péen­nes où les fron­tiè­res natio­na­les se ren­con­t­rent sont deve­nues des pôles d’ac­ti­vi­té — éco­no­mi­que, socia­le, poli­tique, cul­tu­rel­le et insti­tu­ti­on­nel­le. Mais la struc­tu­re poli­ti­co-admi­nis­tra­ti­ve tra­di­ti­on­nel­le ne répond pas tou­jours aux besoins des employ­eurs dans les clus­ters indus­tri­els trans­fron­ta­liers (CBIC).

Dans “Lever­aging Regio­nal Dif­fe­ren­ces and Cross-bor­der Collec­ti­ve Insti­tu­ti­ons : The Case of Skill For­ma­ti­on and Employ­ment in the Bor­der Regi­on of Fran­ce, Ger­ma­ny, and Switz­er­land”, Graf se pen­che sur de tels clus­ters, en par­ti­cu­lier la régi­on fran­co-ger­ma­no-suis­se du Rhin supé­ri­eur, où trois modè­les de gou­ver­nan­ce nation­aux dis­tincts se ren­con­t­rent. Jus­qu’à pré­sent, note Graf, une gran­de par­tie de la lit­té­ra­tu­re sur la gou­ver­nan­ce de la for­ma­ti­on des com­pé­ten­ces s’est con­cen­trée sur les modè­les nationaux.

Cet­te con­sta­ta­ti­on est par­ti­cu­liè­re­ment per­ti­nen­te pour les respons­ables poli­ti­ques de l’UE, car les régi­ons trans­fron­ta­liè­res euro­péen­nes sont par­fois qua­li­fiées de “labo­ra­toires” pour le pro­jet d’eu­ro­péa­ni­sa­ti­on. La mobi­li­té et les éch­an­ges trans­fron­ta­liers font par­tie inté­gran­te de la val­eur fon­da­men­ta­le de l’UE, à savoir la libre cir­cu­la­ti­on des biens et des tra­vail­leurs, et ont récem­ment fait l’ob­jet d’un débat poli­tique dans le con­tex­te du Bre­x­it et de la fer­me­tu­re des fron­tiè­res natio­na­les en répon­se à la pan­dé­mie de coro­na­vi­rus. L’étu­de com­prend, par exemp­le, une ana­ly­se empi­ri­que du Cam­pus euro­péen (EUCOR), une alli­an­ce de cinq uni­ver­si­tés basées dans la régi­on tri­na­tio­na­le du Rhin supé­ri­eur (Fran­ce, Allema­gne, Suisse).

Sur la base d’en­tre­ti­ens d’ex­perts avec les par­ties pren­an­tes, d’u­ne ana­ly­se de docu­ments et d’u­ne lit­té­ra­tu­re secon­dai­re limi­tée, Graf pose la ques­ti­on sui­v­an­te : “De quel­les maniè­res les acteurs peu­vent-ils béné­fi­cier de leur loca­li­sa­ti­on dans une CBIC et, en lien avec cela, com­ment les par­ties sub­na­tio­na­les d’u­ne CBIC se rap­por­tent-elles les unes aux autres et au modè­le natio­nal de capi­ta­lisme respectif ?”.

Graf iden­ti­fie deux stra­té­gies princi­pa­les par les­quel­les les acteurs locaux des CBIC trans­forment leur situa­ti­on péri­phé­ri­que en un avan­ta­ge insti­tu­ti­on­nel. D’u­ne part, en tirant par­ti des avan­ta­ges insti­tu­ti­on­nels dans les dif­fé­ren­tes par­ties de la régi­on ; d’aut­re part, par le biais de biens collec­tifs trans­fron­ta­liers sous la for­me d’é­ta­b­lis­se­ments d’ens­eig­ne­ment four­nis conjointement.


Réfé­rence:

Image: EURES

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