La clé pour la levée de fonds axée sur le message

La der­niè­re élec­tion pré­si­den­ti­el­le aux États-Unis nous mont­re que la métho­de de levée de fonds est en train de chan­ger fon­da­men­ta­le­ment. On sem­ble se diri­ger vers un nou­veau modè­le se basant sur un grand nombre de petits dona­teurs. Commentaire.

Les can­di­dats répu­bli­cains ont tra­di­ti­on­nel­lement tou­jours eu plus d’ar­gent que les démo­cra­tes. Cela s’ex­pli­que par la natu­re de la collec­te de fonds, qui repo­sait essen­ti­el­lement sur les grands dona­teurs. Dans leurs efforts de levée de fonds, les can­di­dats cour­ti­sai­ent essen­ti­el­lement les riches. La ten­dance que j’ob­ser­ve actu­el­lement est que la collec­te de fonds évo­lue vers un nou­veau modè­le se basant sur un grand nombre de petits donateurs.

Joe Biden, par exemp­le, a lit­té­ra­le­ment mobi­li­sé des mil­li­ons de per­son­nes qui ont don­né 20, 30 ou 40 dol­lars. Ces per­son­nes ne sont pas invi­tées à un dîner ou à un évé­ne­ment, elles ne s’at­ten­dent pas à ren­con­trer Joe Biden un jour. La moti­va­ti­on ici n’est pas l’ac­cès ou le pres­ti­ge, c’est l’émo­ti­on. Si les gens sont en colè­re ou inquiets, ils veu­lent géné­ra­le­ment fai­re quel­que cho­se pour y remé­dier. Dans le cad­re d’u­ne cam­pa­gne, nous devons leur don­ner l’oc­ca­si­on de fai­re quel­que cho­se, par exemp­le, de fai­re un don d’argent.

Lors­que la juge de la Cour suprê­me Ruth Bader Gins­berg est décé­dée, il est vite deve­nu évi­dent que Donald Trump et les répu­bli­cains serai­ent en mes­u­re de rem­pla­cer le siè­ge vacant et de chan­ger la majo­ri­té de la plus hau­te cour du pays pour les décen­nies à venir. Cela a pro­fon­dé­ment inquié­té les pro­gres­sis­tes dans tout le pays. Cepen­dant, cet­te jour­née s’est éga­le­ment révé­lée être l’u­ne des mei­lleu­res pour la collec­te de fonds des can­di­dats démo­cra­tes. Et la ten­dance ne se limi­te pas à Joe Biden. Les démo­cra­tes qui se sont pré­sen­tés au Sénat ou à la Chambre des dépu­tés ont éga­le­ment récol­té des som­mes d’ar­gent qua­si illi­mi­tées. Jai­me Har­ri­son par exemp­le, can­di­dat démo­cra­te au Sénat en Caro­li­ne du Sud, a bat­tu le record de collec­te de fonds tri­mest­ri­el­le pour un can­di­dat au Sénat. Il a récol­té 57 mil­li­ons de dol­lars.

On pour­rait aus­si appe­ler cet­te appro­che la collec­te de fonds axée sur un mes­sa­ge. Les élé­ments essen­tiels de cet­te appro­che sont les sui­v­ants : tout d’a­bord, un mes­sa­ge extrê­me­ment attra­yant sur le plan émo­ti­on­nel. Deu­xiè­me­ment, il faut de bon­nes don­nées pour cibler les dona­teurs poten­tiels. Et troi­siè­me­ment, un gros tra­vail pour deman­der de l’ar­gent d’une maniè­re répé­ti­ti­ve aux mêmes personnes.

Les con­sul­tants poli­ti­ques amé­ri­cains com­men­cent bel et bien déjà à exporter le nou­veau modè­le. Res­te à savoir s’il fonc­tion­ne­ra ou pas. La levée de fonds est pro­fon­dé­ment ancrée dans la cul­tu­re poli­tique loca­le, mais c’est une évo­lu­ti­on intéres­san­te à obser­ver. Avec un nombre crois­sant de per­son­nes (en per­ma­nence) en ligne, elle peut au moins ser­vir d’in­spi­ra­ti­on aux can­di­dats du mon­de entier. 

 

Lou­is Per­ron est un poli­to­lo­gue, con­sul­tant et con­fé­ren­cier TEDx basé en Suis­se. Au cours des der­niè­res années, il a aidé une ving­tai­ne de can­di­dats et de par­tis à gagner des cam­pa­gnes élec­to­ra­les et réfé­ren­dai­res. Il est l’au­teur du liv­re How to Over­co­me the Power of Incum­ben­cy in Elec­tion Cam­pai­gns appa­ru chez l’éditeur alle­mand Nomos.

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