Etude Voto: RIE III — dans le doute, les électeurs ont privilégié le non

Ces der­niers temps, rares ont été les objets qui ont don­né plus de fil à retord­re aux électri­ces et élec­teurs que la loi sur la réfor­me de l’imposition des entre­pri­ses III. Envi­ron un tiers des per­son­nes ayant voté « non » ont déplo­ré un man­que d’informations et pré­fé­ré, dans le dou­te, reje­ter le pro­jet. 36 % ont pour leur part esti­mé que la réfor­me béné­fi­cie­r­ait uni­que­ment aux grands grou­pes. C’est ce que révè­le l’analyse des résul­tats de l’enquête VOTO rela­ti­ve à la vota­ti­on fédé­ra­le du 12 févri­er 2017.

VOTO

Deut­sche Version

Loi sur la réforme de l’imposition des entreprises III : dans le doute, les électeurs ont privilégié le non

74 % des per­son­nes inter­ro­gées ont indi­qué avoir éprou­vé des dif­fi­cul­tés à com­prend­re l’objet. Une réa­li­té qui se mani­fes­te éga­le­ment dans le moment de la décisi­on, puis­que près d’un tiers (30 %) des votants ont rap­por­té n’avoir opé­ré leur choix qu’au der­nier moment.

La trop gran­de com­ple­xi­té de l’objet et l’incertitude quant aux réper­cus­sions finan­ciè­res de la réfor­me sont deux des princi­pa­les rai­sons qui ont con­du­it à l’échec de la RIE III aux urnes. 3 4% des per­son­nes ayant voté « non » ont invo­qué com­me pre­mier motif de leur refus un man­que d’informations. Dans le dou­te, elles ont pré­fé­ré reje­ter le pro­jet. L’argument selon lequel seuls quel­ques grands grou­pes pro­fi­terai­ent de la réfor­me a éga­le­ment trou­vé un lar­ge écho auprès des adver­saires de la réfor­me. En out­re, les recom­man­da­ti­ons de vote des par­tis et asso­cia­ti­ons ont joué un rôle extrê­me­ment important dans le cad­re du scru­tin sur la RIE III, ce tant du côté des par­tis­ans de la réfor­me que de ses oppo­sants. Ne par­venant pas à sai­sir la teneur de l’objet, 26 % des per­son­nes ayant sou­te­nu la réfor­me et 11 % de cel­les l’ayant reje­tée ont avant tout sui­vi des recom­man­da­ti­ons et des mots d’ordre.

Le camp de la gau­che a voté pres­que en bloc cont­re la réfor­me fis­ca­le tan­dis que l’électorat bour­geois est appa­ru divi­sé. Envi­ron la moi­tié des adhérents de l’UDC et du PDC ont glis­sé un non dans les urnes et même chez les sym­pa­thi­sants du PLR, 37 % ont voté cont­re la RIE III (des val­eurs inha­bi­tu­el­les pour un pro­jet fis­cal essen­ti­el­lement com­bat­tu par la gauche).

La con­fi­an­ce géné­ra­le témoi­g­née au Con­seil fédé­ral n’a pas exer­cé d’influence signi­fi­ca­ti­ve dans le cad­re du scru­tin, con­tr­ai­re­ment aux dou­tes expri­més quant aux pro­jec­tions fis­ca­les des auto­ri­tés et à la méfi­an­ce à l’égard du mon­de éco­no­mi­que. Ce sont fina­le­ment les atten­tes con­cer­nant les réper­cus­sions fis­ca­les de la réfor­me qui ont eu rai­son de cet­te der­niè­re. Si une gran­de par­tie des votants (43 %) n’attendait ni aug­men­ta­ti­on ni baisse des recet­tes fis­ca­les à moy­en ter­me, beau­coup ont con­sidé­ré qu’une com­pen­sa­ti­on à moy­en ter­me du man­que à gagner fis­cal ne con­sti­tuait pas un argu­ment suf­fi­sant en faveur du pro­jet : la moi­tié d’entre eux ont donc reje­té la réfor­me. Ces voix ajou­tées à cel­les des per­son­nes qui ont soit craint des per­tes de recet­tes fis­ca­les soit trou­vé la ques­ti­on trop com­ple­xe, et ont par con­sé­quent voté « non », ont for­mé une majo­ri­té cont­re la RIE III.

Naturalisation facilitée des étrangers de la troisième génération : le centre fait pencher la balance en faveur du oui

Les adhérents de l’UDC ont été les seuls à voter cont­re la natu­ra­li­sa­ti­on faci­li­tée des étran­gers de la troi­siè­me géné­ra­ti­on – leur oppo­si­ti­on a cepen­dant été mas­si­ve avec un non att­eignant les 79 %. Les par­tis­ans de tou­tes les autres for­ma­ti­ons poli­ti­ques ont majo­ri­taire­ment approu­vé l’objet. Par rap­port à 2004, où le ver­dict des urnes avait mis fin à un pro­jet simi­lai­re, c’est cet­te fois le cent­re qui a fait la dif­fé­rence : alors qu’à l’époque, la majo­ri­té de l’électorat du cent­re avait reje­té la natu­ra­li­sa­ti­on faci­li­tée des étran­gers de la troi­siè­me géné­ra­ti­on, il s’est expri­mé à 62 % en faveur de l’objet lors du scru­tin du 12 février.

Dans le camp du oui, un argu­ment a pré­do­mi­né : les étran­gers de la troi­siè­me géné­ra­ti­on vivant en Suis­se sont con­sidé­rés com­me des citoy­ens suis­ses. Nombre de par­tis­ans du non ont en revan­che esti­mé qu’il n’était pas néces­saire de faci­li­ter la pro­cé­du­re de natu­ra­li­sa­ti­on ou ont mani­fes­té un scep­ti­cisme de princi­pe à l’encontre des per­son­nes étran­gè­res. La peur d’une isla­mi­sa­ti­on ram­pan­te du pays n’a guè­re été citée, pas plus que des réser­ves fédé­ra­lis­tes ont été for­mu­lées cont­re la révi­si­on. Pour la gran­de majo­ri­té des votants, le pro­jet de natu­ra­li­sa­ti­on faci­li­tée des étran­gers de la troi­siè­me géné­ra­ti­on n’était pas assi­mi­lé à une ques­ti­on de coûts admi­nis­tra­tifs, de règles de pro­cé­du­re ou encore de fédé­ra­lisme, mais à une ques­ti­on d’identité.


Cita­ti­on:

Tho­mas Milic, Tho­mas Reiss et Dani­el Küb­ler (2017). Enquê­te VOTO rela­ti­ve à la vota­ti­on popu­lai­re fédé­ra­le du 12 févri­er 2017. ZDA, FORS, LINK : Aarau/Lausanne/Lucerne.

Con­ta­c­te:

Tho­mas Milic, 079 600 82 36, thomas.milic@zda.uzh.ch


Enquê­te VOTO

Les enquê­tes VOTO sont un pro­jet com­mun de l’institut de recher­che FORS, du Cent­re d’études sur la démo­cra­tie Aar­au ZDA et de l’institut de son­da­ge LINK. Elles sont finan­cées par la Chan­cel­le­rie fédé­ra­le suis­se. Depuis l’automne 2016, la Con­fé­dé­ra­ti­on con­fie la réa­li­sa­ti­on des enquê­tes à la com­mu­n­au­té VOTO, qui a pris le relais des son­da­ges VOX. La for­mu­la­ti­on des ques­ti­ons, les enquê­tes ain­si que l’analyse des don­nées relè­vent de la responsa­bi­li­té exclu­si­ve de VOTO.

Tous les rap­ports, ques­ti­onn­aires et les don­nées bru­tes assor­ties d’informations com­plé­men­taires sur le sys­tème de collec­te sont acces­si­bles libre­ment à des fins sci­en­ti­fi­ques sur www.voto.swiss/fr ou sur le por­tail d’ar­chi­ve de FORS: forsbase.unil.ch.

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