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Initiative « Sortir du nucléaire » : un refus malgré une opposition nette à l’énergie nucléaire

Georg Lutz, Florence Lebert, Daniel Kübler, Thomas Milic, Oliver Lipps
7th February 2017

L’initiative « Sortir du nucléaire » a divisé la Suisse en deux camps mus par des motivations fort divergentes. Pour ses adversaires, c’est en premier lieu le calendrier fixé par l’initiative qui a dicté leur décision. Quant à ses partisans, ils se sont généralement laissé guider par les questions de sécurité et les critiques envers l’énergie nucléaire. L’initiative a été rejetée quand bien même dans l’ensemble une nette majorité des votants s’oppose au nucléaire. C’est ce que révèle l’analyse des résultats de l’enquête VOTO relative à la votation fédérale du 27 novembre 2016 menée auprès de 1578 votantes et votants. L’enquête financée par la Chancellerie fédérale a été réalisée conjointement par l’institut de recherche FORS, le Centre d’études sur la démocratie Aarau ZDA et l’institut de sondage LINK.

VOTO

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Les doutes à l’égard du calendrier fixé par l’initiative en vue de l’abandon du nucléaire ont entraîné le rejet de l’initiative ad hoc le 27 novembre 2016. Il s’agit là du motif de refus le plus fréquemment cité par les opposants à l’initiative. En effet, 82% d’entre eux ont adhéré à l’argument selon lequel le calendrier de l’initiative apparaît comme irréaliste et va au-delà de l’objectif visé. La crainte que l’approvisionnement en électricité ne puisse être assuré sans discontinuité a également influencé la décision.

Le choix du non est cependant intéressant si l’on considère que, de façon générale, l’énergie nucléaire est largement désapprouvée. Dans l’ensemble, 76% des votantes et votants se sont prononcés en faveur d’une Suisse sans énergie nucléaire. Par ailleurs, à l’image de la majorité des sympathisants de tous les partis, pas moins de 63% des personnes ayant voté non se sont déclarées défavorables à l’énergie nucléaire.

Les partisans de l’initiative ont cité les préoccupations en matière de sécurité et leur opposition de principe au nucléaire comme principaux motifs de leur approbation. La question de la sécurité a divisé radicalement les votants : 85% des défenseurs de l’initiative contre 25% de ses détracteurs ont estimé que l’initiative accroîtrait la sécurité. Autre motif d’approbation cité : le problème non résolu de l’élimination des déchets radioactifs – un argument guère entendu durant la campagne.
Les résultats de l’initiative « Sortir du nucléaire » laissent apparaître un net clivage gauche-droite. La quasi-totalité des sympathisants du PES étaient favorables à l’initiative alors qu’ils étaient encore 70% à l’approuver dans les rangs du PS et du PVL. Par contre, seuls 20% des adhérents au PLR et à l’UDC ont glissé un oui dans les urnes. L’initiative a surtout séduit les moins de 50 ans et les diplômés de l’enseignement supérieur.


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Enquête VOTO
Les enquêtes VOTO sont un projet commun de l’institut de recherche FORS, du Centre d’études sur la démocratie Aarau ZDA et de l’institut de sondage LINK. Elles sont financées par la Chancellerie fédérale suisse. Depuis l’automne 2016, la Confédération confie la réalisation des enquêtes à la communauté VOTO, qui a pris le relais des sondages VOX. La formulation des questions, les enquêtes ainsi que l’analyse des données relèvent de la responsabilité exclusive de VOTO.
 
Tous les rapports, questionnaires et les données brutes assorties d’informations complémentaires sur le système de collecte sont accessibles librement à des fins scientifiques sur www.voto.swiss/fr ou sur le portail d'archive de FORS: forsbase.unil.ch.

Photo: Wikimedia Commons