Un sondage révèle un large soutien au vote électronique malgré des préoccupations liées à la sécurité

Plus de deux tiers de l’électorat suis­se est favor­able à l’introduction du vote élec­tro­ni­que. Une intro­duc­tion géné­ra­li­sée du vote par inter­net est con­sidé­rée com­me une qua­si- néces­si­té par les per­son­nes de moins de tren­te ans. Des sou­cis liés à la sécu­ri­té sont cepen­dant prés­ents et ont été expri­mé en con­sé­quence. Trois sur dix per­son­nes inter­ro­gées sont plu­tôt ou ent­iè­re­ment oppo­sées au vote électronique.

Depuis plus de dix ans, les élec­teurs d’un nombre varia­ble de can­tons ont eu l’occasion de voter par le biais d’internet. Le canal de vote digi­tal a princi­pa­le­ment été mis à dis­po­si­ti­on des Suis­ses et Suis­ses­ses de l’étranger. En Suis­se, seul un nombre rest­reint de per­son­nes dans cer­tai­nes com­mu­nes choi­sies ont eu la pos­si­bi­li­teé de voter via internet.

Mais que pen­se l’ensemble du corps élec­to­ral de l’introduction du vote élec­tro­ni­que ? Quels avan­ta­ges et dés­a­van­ta­ges per­ço­it-il ? Les résul­tats de ce son­da­ge, le pre­mier ent­iè­re­ment dédié au vote élec­tro­ni­que, révè­lent que son intro­duc­tion géné­ra­le jouit d’un lar­ge sou­ti­en par-delà les bar­riè­res d’âge, de lan­gue et d’appartenance politique.

Une acceptation entre 60 et 80 pour cent

Plus de deux tiers de l’électorat suis­se est favor­able à l’introduction du vote élec­tro­ni­que. Le sou­ti­en dimi­nue cer­tes avec l’augmentation de l’â­ge, mais avoi­si­ne encore cin­quan­te pour cent chez les per­son­nes de plus de sep­tan­te ans. La deman­de con­cer­nant l’introduction du vote élec­tro­ni­que est plus mar­quée dans les cou­ches qui jouis­sent d’un niveau d’éducation supé­ri­eu­re. Le gen­re ne joue par cont­re aucun rôle. Une ana­ly­se plus différenciée au niveau des districts mont­re des taux d’acceptation oscil­lant ent­re soixan­te et hui­tan­te pour cent. Le sou­ti­en est plus grand qu’en moy­enne dans les régi­ons urbai­nes ain­si que dans cer­tai­nes régi­ons des Alpes, notam­ment dans le can­ton des Grisons.

Des doutes concernant les manipulations

Con­fron­tés à des argu­ments pour ou cont­re, 82 pour cent des répondants con­sidè­rent que le vote élec­tro­ni­que depuis la mai­son est plus con­for­ta­ble que le vote pos­tal. L‘argument qui recueil­le ensui­te le plus de suf­fra­ges est celui de l’esprit du temps : pour deux tiers des per­son­nes son­dées, étant don­né que tout ou pres­que se fait désor­mais sur inter­net, le moment est aus­si venu d’introduire le vote élec­tro­ni­que. Cet argu­ment est sur­tout avan­cé par les jeu­nes. Quoiqu’il en soit, des dou­tes ont aus­si été expri­més : 61 pour cent des répondants sont d‘avis qu’un vote via Inter­net est plus simp­le à mani­pu­ler qu’un vote pos­tal. 57 pour cent des son­dés crai­g­n­ent que des ser­vices secrets étran­gers puis­sent vio­ler le secret du vote.

Mesures de renforcement de la confiance

Le vote per­son­nel à l’urne jouit de la plus gran­de con­fi­an­ce de l’électorat. Sur une échel­le allant de 0 à 10, la con­fi­an­ce dans ce canal de vote se situe à 8.5. La con­fi­an­ce dans le vote pos­tal, désor­mais géné­ra­li­sé, est pres­que aus­si gran­de (8.2).

En revan­che, la con­fi­an­ce mise dans le vote élec­tro­ni­que est signi­fi­ca­ti­ve­ment moins gran­de (6.6). Quel­les sont les mes­u­res les plus aptes à aug­men­ter la con­fi­an­ce dans le vote élec­tro­ni­que ? Sept mes­u­res ont été pro­po­sées et sou­mi­ses à l’évaluation des per­son­nes sondées.

La mes­u­re qui a reçu le plus grand sou­ti­en con­sis­te en un code per­son­nel qui figu­rerait sur la car­te de légiti­ma­ti­on et per­met­trait aux élec­teurs de véri­fier le dépôt et la récep­ti­on de leur prop­re vote. 68 pour cent des son­dés esti­ment que cet­te mes­u­re ren­force­r­ait leur con­fi­an­ce dans le vote élec­tro­ni­que. 63 pour cent des son­dés sont aus­si en faveur d’un sys­tème de test qui leur per­met­trait d’essayer la métho­de du vote élec­tro­ni­que. 55 pour cent des son­dés con­sidè­rent en out­re la con­du­i­te d’audits de sécu­ri­té par des experts com­me une mes­u­re prop­re à ren­forcer la con­fi­an­ce. Ces trois mes­u­res sont déjà en place dans les sys­tè­mes de vote élec­tro­ni­que actu­el­lement uti­li­sés en Suisse.

«La sécurité prime la rapidité»

En résu­mé, les résul­tats du son­da­ge révè­lent que la popu­la­ti­on est con­sci­en­te des ris­ques qu’impliquent les élec­tions et les vota­ti­ons numé­ri­ques. D‘autre part, l’introduction géné­ra­li­sée du vote élec­tro­ni­que est con­sidé­rée com­me une con­sé­quence logi­que du haut degré de péné­tra­ti­on de la digi­ta­li­sa­ti­on dans tous les domai­nes de la vie socia­le et professionnelle.

Les essais de vote élec­tro­ni­que menés jusqu’à pré­sent par les can­tons con­cer­nés, en col­la­bo­ra­ti­on avec la Chan­cel­le­rie fédé­ra­le, ont eu pour devi­se que la sécu­ri­té devait pri­mer la rapi­di­té : les résul­tats de la pré­sen­te enquê­te mon­t­rent que cet­te appro­che est adéquate.

Son­da­ge
Le son­da­ge a été con­du­it par l’institut LINK ent­re les 11 et 21 avril 2016 sur man­dat du ZDA. Il s’inscrit dans le cad­re de recher­ches portant sur la démo­cra­tie numé­ri­que con­du­i­tes au ZDA et sou­te­nues par plu­sieurs can­tons et par la Chan­cel­le­rie fédérale.

Le Cent­re d’étu­des sur la démocratie Aar­au (ZDA) est un cent­re de recher­che con­joint de l’Uni­ver­si­té de Zurich et de la Fach­hoch­schu­le Nord­west­schweiz (FHNW) situé à Aarau.


Note: Cet arti­cle est un résu­mé de l’étu­de sui­v­an­te (en alle­mand):  Milic, Tho­mas; McArd­le, Miche­le und Ser­dült, Uwe (2016): Hal­tun­gen und Bedürf­nis­se der Schwei­zer Bevöl­ke­rung zu E‑Voting, Stu­di­en­be­rich­te des Zen­trums für Demo­kra­tie Aar­au, Nr. 9 (Sep­tem­ber 2016).

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